Contre toute attente !

Partez à la rencontre de Dominique, Frère de la Loge Harmonie Céleste. Il nous partage un morceau de sa vie en se livrant sur la Franc-Maçonnerie. Il nous accompagne de son enfance à sa vie en Loge.

Un souvenir d’enfance

Lors d’un déjeuner dominical d’octobre 1963, j’entends ma grand-mère parler de Franc-Maçon. Agé de 12 ans, ce mot m’est dénué de signification. Dans ses paroles, j’y crois percevoir un peu de peur, mêlé de répugnance. En demandant des précisions, j’apprends qu’il qualifie un personnage rejeté par l’Église, pourfendeur de curés et excommunié. Cette dernière notion à la fois vague et chargée de non-dits, va rester longtemps dans ma mémoire sélective, comme un pare feu, à tout approfondissement de ce concept.

Trouver son chemin

Des amis m’ont régulièrement invité à intégrer cette noble institution. Je ne répondrai pas faute de temps. C’est à ma cinquante-troisième année que j’ai choisi de faire le pas. On me proposa d’entrer dans un « cercle de réflexion spirituelle générée par une approche initiatique ». Catholique et curieux, j’ai voulu en savoir plus en cherchant à confronter mes convictions religieuses et mes certitudes sociétales. En intégrant une loge, j’ai tout d’abord été frappé d’être « enquêté » par trois personnes que je n’aurai jamais pu croiser dans ma vie professionnelle ou relationnelle. Le premier était responsable du centre d’étude atomique, le second était professeur émérite d’université et le troisième un ténor du barreau parisien. J’y ai d’abord trouvé une fierté d’appartenir à une fratrie improbable. Non pas par orgueil imbécile, mais par chance de faire partie d’une cordée d’alpinistes, soudée et solidaire dans laquelle je ferai tout, pour en être digne. J’y ai surtout trouvé une atmosphère apaisante et sécurisante.

Un équilibre de vie

Aujourd’hui, je trouve dans la pratique maçonnique un équilibre grâce aux outils, au rituel et aux reflexes acquis. Ils m’aident et me permettent de mieux faire face, chaque jour, aux incompréhensions de ce monde en effervescence. J’aime retrouver en loge une atmosphère apaisante et sécurisante. D’ailleurs, j’ai de plus en plus souvent recours au « silence de l’apprenti » pour comprendre et digérer les informations dont nous sommes abreuvés. La maçonnerie m’apprend à laisser de plus en plus mes passions humaines en entrant et à les reprendre de moins en moins en sortant.
J’ai encore du boulot.

Se révéler à l’autre

J’avais un ami de trente ans. Nos épouses et enfants l’étaient également. Nous passions nos vacances d’été ensemble, à deviser et à échanger sur nombres de points notamment politiques ou sociétaux. Sans être très éloignés, nous venions de milieux différents et de famille politique différentes.
A cause de nos vœux de discrétion, c’est par un heureux hasard que nous avons découvert notre fraternité. L’immense joie de cette découverte, nous a procuré un bonheur fou et a raffermi notre relation amicale qui s’est dotée d’un degré supplémentaire inexplicable.

Savoir dépasser son égo

J’ai le souvenir d’une tenue de consécration d’un Vénérable d’une Grande Loge. Un Grand Maître d’une obédience étrangère était présent. Un des plateaux n’étant pas pourvu, le Grand Maître officiant demanda un volontaire. Le grand Maître étranger se proposa mais une autre personne fut choisie. Le Grand Maître étranger fit grise mine. A la fin de la cérémonie, il quitta précipitamment l’atelier, alors que l’officiant voulait apaiser cette tension, à la stupéfaction des frères présents. Mais le Grand Maître étranger revint dans l’atelier. Il demanda pardon de s’être comporté de la sorte et les deux Grands Maîtres s’embrassèrent mutuellement. L’émotion ressentie, par tous, devant cet acte de sincère d’humilité fraternelle, est l’un des plus beaux souvenirs de ma vie de maçon.