Édito du Sérénissime Grand Maître - décembre 2023

L’heure est à la recherche de la lumière, nos villes s’illuminent, nos maisons suivent le mouvement. Nous célébrons la Saint Jean d’Hiver, ou le solstice d’hiver ou Noël ou Hanoukka. Nous ressentons l’envie de nous rapprocher les uns des autres, de partager.
Savez-vous que le 20 décembre est la « Journée internationale de la solidarité humaine » de l’ONU ? Cette journée a été inspirée par le document intitulé « document sur la fraternité humaine, pour la paix dans le monde et la coexistence commune » rédigé par le Pape François et Ahmed el-Tayeb, Grand Imam de la mosquée et de l’université Al-Azhar Al-Sharif (Égypte), le 4 février 2019 à Abou Dhabi.
Ces mots résonnent différemment aujourd’hui alors que la violence explose autour de nous et que la société paraît divisée et morcelée.
Et pourtant, il faudra bien un jour que les armes laissent la place aux mots.
Rien ne peut s’effacer et les violences subies laisseront des marques indélébiles dans les cœurs et les corps. Il faudra réapprendre à vivre, à faire confiance, à apprivoiser la peur pour retrouver la confiance, pleurer les morts et retrouver le goût de la vie.
Entretemps, il nous revient de poursuivre notre travail, qui consiste à croire qu’un autre monde est possible et qu’il nous faut travailler à le rendre possible.
Cette période de fêtes, chacun d’entre nous la vivra en harmonie avec ses convictions.
Il peut paraître incongru de parler de laïcité en cette période troublée. Cependant, à nous qui aimons et pratiquons la distanciation vis à vis de nos convictions, il me revient cette belle définition qu’en donne Delphine Horvilleur, écrivaine et femme rabbin :

La laïcité française n’oppose pas la foi à l’incroyance. Elle ne sépare pas ceux qui croient que Dieu veille, et ceux qui croient aussi ferme qu’il est mort ou inventé. Elle n’a rien à voir avec cela. Elle n’est ni fondée sur la conviction que le ciel est vide ni sur celle qu’il est habité, mais sur la défense d’une terre jamais pleine, la conscience qu’il y reste toujours une place qui n’est pas la nôtre. La laïcité dit que l’espace de nos vies n’est jamais saturé de convictions, et elle garantit toujours une place laissée vide de certitudes. Elle empêche une foi ou une espérance de saturer tout l’espace. En cela, à sa manière, la laïcité est une transcendance. Elle affirme qu’il existe toujours en elle un territoire plus grand que ma croyance, qui peut accueillir celle d’un autre venu y respirer.

Nous aspirons à pouvoir « respirer » en cette fin d’année, simplement respirer et nous accorder un temps de réflexion.

Je nous souhaite à tous d’heureux moments, des temps de partage, d’ouverture à l’autre, à la différence.

Que cette fin d’année soit l’occasion de vivre la solidarité humaine, et pas uniquement le 20 décembre.

Nous, êtres humains sur la planète terre, sommes interdépendants. Ce qui arrive à l’un d’entre nous finit toujours par avoir une influence sur nous.

« Rien de ce qui est humain ne m’est étranger », « Homo sum, humani nihil a me alienum puto ». Ce vers du poète latin Terence est considéré comme la devise des Lumières.

La période est idéale pour s’en souvenir, car si rien de ce qui est humain ne m’est étranger, je me dois d’être solidaire de ceux qui sont mes Sœurs et mes Frères en Humanité en toute altérité.

Heureuses fêtes de fin d’année !

Christiane Vienne
SGM de la GLMF