Chevalier de la Barre

Discours du Grand Maître Guy LECOURT au Square Nadar le samedi 10 décembre 2016.

« Aujourd’hui nous avions une réunion importante, mais il était impossible de ne pas être présent à cette manifestation commémorant le 111ème anniversaire de la loi de 1905.

La laïcité est un des fondements de notre Obédience, la Grande Loge Mixte de France.

La laïcité est le fondement de notre République.

Il y a 250 ans, le 9 aout 1765, deux actes de profanation sont découverts à Abbeville. Une enquête est menée qui mènera à l’arrestation de 3 jeunes suspects à la réputation de provocateurs.

Le 28 février 1766 le jeune Jean François Lefebvre Chevalier de la Barre est condamné à mort pour impiété, blasphèmes et sera exécuté et torturé le 1er Juillet 1766 malgré l’intervention de Voltaire.

Autre temps, autres mœurs ? Hélas non ! Et si la France n’est pas le monde, la bête n’est pas si loin géographiquement et moralement…

Le délit de blasphème ne vient d’être abrogé par le Sénat que le 14 octobre 2016.

Le 9 décembre 1905, après bien des combats, est promulguée la Loi sur la séparation des Églises et de l’État à l’initiative du jeune député Aristide Briand en remplacement du Concordat de 1801.

La laïcité dans notre pays est un idéal qui distingue le pouvoir politique des organisations religieuses, l’Etat devant rester neutre et garantir la liberté de culte. Mais si la laïcité n’est pas l’ennemi des religions, elle laisse à chaque femme, à chaque homme, sa totale liberté de choix de vie ou d’opinion.

La laïcité n’est pas une opinion parmi d’autres, ni une simple conviction mais un principe qui autorise toutes les convictions dans le respect de la liberté de conscience et d’égalité des droits.

« Libre à chacun de croire à une vérité révélée de son choix ou de ne pas croire » article 1er de notre Constitution.

Le combat laïque n’est pas une guerre, un combat “contre”, non, c’est un combat “pour”.

Un combat pour la mise en place d’institutions qui établissent les règles du respect mutuel dans une société en mouvement et marquée par la diversité grandissante des convictions et des croyances.

Rien n’est acquis, rien n’est figé, mais les bases restent les mêmes et n’admettent aucun compromis, aucune pseudo adaptation à ce qui n’est en réalité qu’une tentative d’intrusion, un cheval de Troyes.

Est-il bon de rappeler que s’il ne s’agit en aucun cas d’un principe d’autorité ou d’un combat idéologique contre les religions considérées comme aliénantes et rétrogrades, il existe d’autres formes d’aliénation tout aussi dogmatiques avec leur cortège de violence et d’intolérance. »

La France est aujourd’hui confrontée à de nouvelles problématiques de par sa diversité culturelle et cultuelle plus grande qu’autrefois.

La montée du fanatisme et du communautarisme, la poussée des mouvements populistes à la suite des crises économiques qui se succèdent, la précarité, le chômage, sont autant de risques pour notre laïcité.»