Hommage à Samuel Paty - Paris, 16 octobre 2025

l'hommage à Samuel paty

Il y a un an, nous étions là, le même jour, au même endroit. En arrivant j’avais été marqué la présence des cordons de policiers qui empêchaient les voitures de circuler alentour, qui patrouillaient dans le quartier, qui fouillaient nos sacs. Je m’étais demandé pourquoi notre laïcité peut être à ce point détestée que ceux qui la promeuvent et qui rendent hommage à Samuel Paty doivent être protégés. Je suis conforté : c’est parce que nous avons raison !

Nous devons nous souvenir. Par respect pour lui. Par respect pour son métier et le cœur qu’il y mettait.

Mais nous souvenir nous permettra également de dire à nos petits-enfants « Je me souviens du jour où il a été assassiné, je peux te raconter. Je vais te raconter aussi pourquoi tout doit être fait pour que cela ne se produise plus. Car en assassinant un homme, on tente d’assassiner un idéal d’humanité ».

Et pour avoir le droit de décliner ce discours, nous devons aujourd’hui tenir. Nous devons tenir face à ceux qui veulent diviser notre pays, ceux qui agitent et exacerbent les différences pour opposer les uns aux autres. Ceux-là ne comprennent pas que ce sont au contraire sur ces différences que nous devons nous appuyer car elles sont la richesse ; ils ne comprennent pas que nos esprits ouverts engendrent de la sagesse, que nos bras ouverts nous donnent de la force, que nos cœurs ouverts enfantent de la beauté.
Alors, en érigeant cela en notre combat, nous ferons en sorte que Samuel Paty ne soit pas mort pour rien ; que la culture, l’instruction, le développement des savoirs soient la clef de nouveau, ces choses dont les professeurs de nos enfants sont les tenants.

Heureusement, face à ces crimes horribles notre pays n’est pas resté inactif ; les Institutions ont bougé, certaines des réponses ont été apportées.

La législation a été renforcée qui permet de protéger les agents publics dénoncés au terrorisme.
L’Ecole a évolué avec la création de modules dans la formation des enseignants, qui leur donnent des outils pour répondre à certaines situations, des situations parfois simples telles que « Comment répondre à un élève qui remet en cause la théorie de l’évolution ? »
La Formation Professionnelle elle-même a évolué avec la création du module « Les fondamentaux de la laïcité », disponible sur la plateforme interministérielle MENTOR et qui doit obligatoirement être suivi avant le 9 décembre 2025.

Notre pays n’est pas resté inactif.

Mais reste à faire le principal.
Car le vivre-ensemble ne se décrète pas, il ne se force pas ; il se vit, il s’intègre, il doit être naturel et ses contours doivent émaner de chacun de nous. Pour cela, seules l’ouverture et la culture peuvent nous aider à l’appréhender.
Et pour cela, le fouet et le bâton sont de piètres conseillers. Alors, remplaçons le fouet et le bâton par le livre et le crayon. Car c’est ainsi, par l’ouverture et la culture que nous ferons comprendre que l’autre n’est pas dangereux, que ses croyances ou ses non-croyances sont aussi respectables que les nôtres, que parfois la passion nous désoriente et nous cache à quel point l’autre est un semblable.

Reste à faire le principal, véhiculer l’ouverture et la culture, rehausser au niveau de richesses la différence entre soi et l’autre, l’appréhension d’une vision différente et personnelle de sa spiritualité.

Le principal se fait sur le long terme, il peut être décourageant de ne pas en percevoir les fruits rapidement.
C’est là, mes Sœurs et Frères que le rôle de Franc-Maçonnerie prend son volume. Car si nous ne sommes pas la seule inspiration de l’ouverture et de la culture dans le monde, nous avons pour nous la compréhension du temps long. En nous incluant dans une tradition séculaire, nous avons fait le choix de travailler dans cette temporalité.

Alors, en sortant de nos Temples, faisons valoir notre Chaîne d’Union, celle qui, grâce au discours de nos Anciens, nous permet de comprendre ce qu’il se passe aujourd’hui.

Alors en sortant de nos Temples, répandons ce que nous y avons trouvé, ce que nous y avons appris.

Parce que le monde va mal. Et qu’il a besoin de nous.

Félix Natali
Grande Maître
Grande Loge Mixte de France