Conseil de l’Ordre : 3 questions à …

Le Convent de la Grande Loge Mixte de France s’est réuni à Paris du 17 au 19 septembre 2021. A cette occasion, les instances de l’Obédience ont été renouvelées, six nouveaux Conseillers de l’Ordre ont été élus. Christiane Vienne a été élue Grand Maître de la G.L.M.F.

JACQUES CHABAUD, GRAND SECRÉTAIRE

Q/ Vous êtes dans la troisième année de votre mandat de Conseiller de l’Ordre. L’an dernier, vous occupiez le plateau de Grand Expert ; cette année, vous occuperez celui de Grand Secrétaire. Comment avez-vous vécu ces deux précédentes années, marquées par la pandémie.

R/ Voici deux ans que je me suis décidé à être candidat au Conseil de l’Ordre. J’ai pris cette décision après avoir été, plusieurs fois, délégué de ma Loge à différents Convents. Dès le premier Convent, et les suivants qu’il m’a été donné de vivre, j’ai constaté – par le dossier remis, par les rapports présentés, par le déroulement de ces journées de travail – toute l’implication des Conseillers de l’Ordre. J’ai appris du fonctionnement de notre Obédience et j’ai surtout découvert le travail réel, conséquent, utile, indispensable réalisé par celles et ceux qui sont les membres du Conseil de l’Ordre – Conseil d’Administration.
Ma personnalité étant portée sur la volonté d’être « utile », j’ai assez rapidement analysé que pour mon Obédience et pour moi, j’avais à m’impliquer dans cette instance : notre Conseil de l’Ordre.
Je dois ajouter qu’avoir rencontré certaines très belles personnes, membres du Conseil de l’Ordre, m’a donné encore plus envie de les rejoindre.

Je n’oublierai jamais qu’à mon arrivée, juste après avoir été élu, un Grand Officier déjà en place, peut-être parce que je demandais déjà qu’est-ce que j’aurais à faire, m’annonça : « Tu vas voir, tu auras beaucoup à faire, beaucoup plus sans doute que tu ne l’imagines ».
Je n’ai pas été déçu, le Frère avait fait preuve de clairvoyance (et d’expérience). Le travail est très vite arrivé.

Lors de ma première année au Conseil de l’Ordre, je me suis impliqué dans le suivi de nos Rituels et dans la gestion technique de notre patrimoine immobilier. J’ai été amené à poursuivre entre autre ce travail à la fonction de Grand Expert la deuxième année et je suis désormais au Plateau de Grand Secrétaire pour cette troisième et dernière année de mon mandat.

Après deux ans d’implication, la visibilité de chaque fonction m’apparait forcément de mieux en mieux. Je mesure toutefois que chacun peut assumer son Plateau en fonction de son savoir-être et de son savoir-faire, et aussi en intégrant les attentes et l’approche des autres membres du Conseil de l’Ordre. Cette souplesse, cette complémentarité qui se construit d’elle-même est à la fois pleine de bon sens, très agréable et très utile pour le bon fonctionnement de notre instance au service de l’Obédience, c’est-à-dire de tous les Frères et Sœurs qui la composent. Quelque part c’est ce que notre parcours de Francs-Maçons nous apprend : être au Conseil de l’Ordre c’est travailler, travailler au mieux.

Q/ En quoi consiste le Grand Secrétariat ?

R/ Je suis heureux de l’occasion qui m’est donnée, cette année, d’assumer cette fonction de Grand Secrétaire, pour une expérience différente, complémentaire, riche.
Parallèlement j’ai conscience qu’il s’agit d’une charge lourde, transversale donc intéressante, stratégique donc délicate, exigeante donc rude.
Tout d’abord : être Grand Secrétaire c’est être en charge de la correspondance et des archives, de la tenue du fichier des membres, des convocations aux réunions du Conseil de l’Ordre et de la rédaction des procès-verbaux.
C’est être en charge des moyens généraux.
C’est assurer le lien du Conseil de l’Ordre avec l’équipe de nos salariées, c’est animer et accompagner leur travail.

Q/ Quels sont les chantiers que vous souhaitez mener ?

R/ J’ai été impliqué, depuis 2020, dans la démarche qu’a engagée le Conseil de l’Ordre sur notre système informatique. Au titre de ce Plateau de Grand Secrétaire, je souhaite poursuivre la mise en œuvre de ce vaste chantier. Il va s’agir de finaliser la modernisation de plusieurs de nos outils informatiques : le logiciel gérant notre base de données (le fichier des membres), le logiciel de comptabilité et notre système de messagerie interne. Nous aurons très vite à mettre en place un outil de mailing plus performant, et créer rapidement notre nouvel INTRANET (pour permettre de nouveau aux Frères et Sœurs de publier des informations et télécharger des documents, rituels …). Notre site vitrine, grand public, devra être plus abouti. Il nous restera par ailleurs le chantier de création d’un nouvel outil pour simplifier, numériser les procédures.

Avec volonté, courage, patience …

Jacques CHABAUD – membre de la Respectable Loge RES BINA, n°74, à l’Orient de BERGERAC.

 

Propos recueillis par Elise Ovart-Baratte

YVES ANDRÉ, PASSÉ GRAND TRÉSORIER

Q/ Vous venez de quitter vos fonctions de Grand Trésorier et vous étiez membre du Conseil de l’Ordre de la G.L.M.F. depuis trois ans. Que retenez-vous de cette expérience ? Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?

R/ Lorsque le SGM Édouard HABRANT m’a demandé d’occuper le poste de Grand Trésorier, j’ai apprécié sa confiance mais j’ai ressenti une appréhension, n’étant pas un professionnel de la comptabilité et du chiffre malgré mon expérience de Gérant d’un cabinet d’assurances avec des salariés pendant de nombreuses années.
Très vite je me suis rendu compte que cette fonction demande surtout une grande écoute des Sœurs et Frères afin de gagner leur confiance et qu’il ne faut pas faire d’analogie avec la vie profane
Au fil du temps, je me suis laissé porter pendant un peu plus de 3 ans dans le courant de l’expérience formidable que je vivais, prenant conscience peu à peu d’une métamorphose de moi-même amorcée par mes Sœurs et Frères avec lesquels j’échangeai régulièrement.
Ce sentiment fraternel lors de nos échanges a prédominé malgré les difficultés financières sous-jacentes qui survenaient progressivement.
Le GT doit convaincre, rassurer mais surtout trouver une solution pratique immédiate face aux obstacles rencontrés par les Loges afin qu’elles soient pérennes, par exemple mise en place d’un échéancier des paiements.
Tout en restant fidèle à notre éthique rigoureuse, le GT doit agir et gérer « en bon père de famille »… et rester vigilant sur les aspects techniques de la comptabilité qui sont largement développés avec professionnalisme et bienveillance par nos spécialistes : Expert-comptable, Commissaire aux comptes, notre Collaboratrice Valérie, la Commission des finances et sa Présidente, les Vérificateurs aux comptes ainsi que la Chargée d ´affaires de notre banque.
Grâce à ces partenaires le GT joue le rôle d’un chef d’orchestre au service des Sœurs et Frères qui ont souvent besoin d’aide, de conseils, d’assistance et surtout de fraternité.
J’ai été très marqué par le besoin des Vénérables Maîtres d’échanger, ne serait-ce que pour se présenter et me rendre compte des difficultés parfois importantes qu’ils ont rencontrées au sein de leur Loge durant cette période inédite.

Q/ Quelles sont les actions que vous avez menées qui vous satisfont ? Avez-vous des regrets ?

R/ De concert avec le Conseil de l’Ordre et bien sûr le Sérénissime Grand Maître, plusieurs actions fortes ont été menées durant l’année 2020 – 2021.
Cette grave situation sanitaire nous a obligés à prendre des décisions difficiles afin d’être plus solidaires et apporter un soutien financier sans précédent à nos Loges ; d’autant que la thésaurisation n’est pas l’objectif de notre Obédience.
Au final cette mission de GT que j’appréhendais initialement m’a beaucoup apportée dans ma construction personnelle et m’a davantage rapproché des Sœurs et Frères dont certains m’ont marqué par leur capacité d’organisation, la variété de leurs occupations dans la vie profane et surtout d’une sincère ouverture aux autres pour une humanité meilleure.

Q/ Les plateaux et les responsabilités ont vocation à changer régulièrement en franc-maçonnerie, c’est pour cela que le mandat de Conseiller de l’Ordre ne dure que trois ans et n’est renouvelable qu’une fois. Maintenant que vous êtes retourné sur les colonnes, comment vous impliquez- vous dans votre loge ?

R/ Il est nécessaire que les plateaux et les responsabilités changent en Franc-maçonnerie, d’où le renouvellement par tiers chaque année des membres du Conseil de l’Ordre par l’élection des Délégués au Convent. Ce mouvement est bénéfique à l’Obédience car le CO est à mon sens l’endroit où règne l’esprit d’équipe sous l’impulsion d’un capitaine mais où chacun doit réapprendre le doute, l’égalité avec les autres Sœurs et Frères, la critique et le questionnement sur son unique mission dans l’intérêt du bien commun qu’est la GLMF.
Chaque allumage des feux auquel j’ai participé a été un moment inoubliable, fraternel et chaleureux où la transmission de nos valeurs et particularités prend tout son sens (Générosité, Laïcité, Liberté, Mixité, Fraternité).
J’ai toujours eu à l’esprit que j’avais été élu par nos Sœurs et Frères Délégués du Convent 2018 et que je devais être fidèle et loyal à mon message oral de candidature au CO.
Au final, j’ai constaté que le CO au-delà de sa fonction d’administrateur des affaires de la Fédération doit être un accélérateur afin de porter la parole des Loges tout en préservant leur identité.
C’est avec humilité, conviction et bonheur en vertu de l’esprit d’équipe de toutes les Sœurs et de tous les Frères du Conseil de l’Ordre que je me suis impliqué.
Citons Voltaire : « le bonheur est souvent la seule chose qu’on puisse donner sans l’avoir et c’est en le donnant qu’on l’acquiert».
Je laisse à disposition ces mots-clés fruits des années passées au CO: élan, tolérance, transmission, acceptation des différences, place de la jeunesse, diversité, ouverture, aide, richesse de contacts…
Désormais, je suis très heureux de retourner sur les colonnes de ma Loge mère « Le Lion de Kem » n° 61, à l’Orient de Lyon-Croix Rousse.

Propos recueillis par Elise Ovart-Baratte

SOPHIE JACQUEST MARIE-ROSE, CONSEILLER DE L’ORDRE

Q/ Quel a été votre parcours maçonnique avant d’être élue au Conseil de l’Ordre à l’occasion du Convent 2021.

R/ En fait, mon parcours en maçonnerie correspond aux raisons pour lesquelles j’ai décidé de m’y engagée, en 2009 : réfléchir avec exigence et ouverture aux sens de ses actions avec de nouveaux outils et sous un nouvel angle.
En plus, j’y ai découvert, ce que je n’avais pas imaginé : des Soeurs et des Frères; ce, qui pour l’enfant unique que je suis, était aussi inattendu qu’heureux.

Q/ Comment vous est-venue l’idée d’être candidate au Conseil de l’Ordre et pourquoi ?

R/ La crise sanitaire a bousculé nos vies , amenant certaines ou certains d’entre nous, à se re-questionner voire se réinventer professionnellement, socialement mais aussi philosophiquement.

Malgré le lien maintenu avec les Soeurs et les Frères de mon atelier, grâce à la visioconférence, j’ai pu mesurer à quel point me manquaient la pratique du rituel mais également la possibilité de voyager dans d’autres ateliers et nous enrichir d’autres approches et expériences, notamment, concernant la mixité.

Ayant commencé à réfléchir sur cette question et co-organisé différentes TBF sur ce sujet, j’ai pu constater, qu’à l’instar d’autres valeurs ou principes fondateurs de notre obédience (et au-delà de définitions finalement généralistes !), la mixité pouvait susciter débat, dès lors qu’on l’envisage dans la réalité de nos pratiques maçonniques.

Si personne ne peut contester que la fédération Olympe de Gouges a été fondée sur le socle de la mixité, chacune et chacun pourra convenir que depuis 1982, la société s’est questionnée et parfois avancé sur l’égalité femmes-hommes via quelques outils législatifs, linguistiques…
Mais qu’en est-il en franc maçonnerie ?
N’y a-t-il pas matière à réinterroger en conscience et sereinement notre fonctionnement, nos habitudes, nos représentations ?

Pour chaque maçonne et maçon, la « rentrée maçonnique » peut être une opportunité pour réfléchir sur les actions à mener en vue de continuer à développer nos loges et par voie de conséquences notre obédience…et de ce point de vue, la mixité me semble être un facteur différenciant….si elle est porteuse de sens.

C’est dans cet esprit qu’a muri mon envie de contribuer au chantier qui s’ouvrirait sur cette question.

Q/ Que comptez-vous apporter à la G.L.M.F. et aux loges?

R/ Il me semble que l’une (la GLMF) et les autres (les loges) sont indissociables. Ce qui nourrit les unes fait rayonner l’autre …et inversement.
Je crois en la co-construction et l’intelligence collective, ce qui induit d’établir et/ou entretenir des relations de confiance et d’écoute où chacun est dans son rôle mais dans un objectif communément défini.

Propos recueillis par Elise Ovart-Baratte