Un Convent …

Un Convent, c’est d’abord une Tenue à laquelle participent plus de 300 Frères et Sœurs. Une Tenue donc, avec les modalités qui président aux réunions des Francs-Maçons : on ne prend la parole qu’en respectant l’ordre qui nous y autorise ; on s’abstient de toute manifestation intempestive ; on ne se lève, on ne s’agite, on ne circule que dans la nécessité.
Tout cela rompt avec le déroulement le plus souvent observé par ailleurs de ce qui fait la deuxième fonction d’un Convent : l’exercice démocratique annuel d’une association.
Mais elle est longue, dans son déroulement, la démocratie. Mais comme elle est impressionnante dans la présentation, exhaustive et transparente, de la vie d’une association, d’un groupe humain, y compris quand il est composé de Francs-Maçons. Comme elle est malgré tout enviable, la démocratie, même lente, même longue, au regard du despotisme ou de la théocratie, qu’elles soient étatiques ou tout simplement associatives.

Mais il est aussi un temps fort dans un Convent.
Fort dans son intensité affective et symbolique.
Fort dans la fraternité qu’elle traduit, la fraternité dont sont capables les Francs-Maçons.
Fort dans la solennité, grave sans être macabre, dont ils sont capables.
Ce temps fort, c’est l’hommage que 300 Francs-Maçons réunis rendent à leurs Frères et leurs Sœurs partis pour l’Orient éternel.
Un cortège s’avance, dans l’allée centrale, remonte le Temple sur toute sa longueur, lentement, ouvert par une triple lumière puis un cadre où sont inscrits les noms de ces Frères et Sœurs.
Ce rituel mémoriel, bien que figurant systématiquement au programme d’un Convent, garde, année après année, toute sa force émotive.
Existe-t-il beaucoup de groupes humains qui s’attachent à honorer, dans la solennité et la paix mais aussi l’espoir, la mémoire de ceux qui les ont quittés mais restent les leurs ?

Le Convent 2022 a aussi été marqué par une table-ronde réunissant les principales Obédiences maçonniques adogmatiques. Dans un climat serein où l’écoute et la complémentarité des propos l’a emporté sur une quelconque perspective de promotion respective qui n’aurait pas été de mise, les différents Grands Maîtres actuels ou passés ont évoqué la place de la Franc-Maçonnerie dans la société française, son avenir, les interrogations qui la traversent.
Et puis, il est des moments parfois magiques. Les Frères et Sœurs présents en ont vécu un lorsque qu’une Sœur, Emmanuelle, a chanté pour eux « Le chœur des esclaves » issu de Nabucco, opéra de Verdi. Il était difficile de ne pas avoir la chair de poule ou les larmes aux yeux de tant de ferveur commune.

TABLE RONDE

“Évolutions et perspectives de la Franc-Maçonnerie libérale en France“

Les Grands Maîtres et Grande Maîtresse des Obédiences adogmatiques et libérales Philippe Foussier pour le GODF, Pierre-Marie Adam pour la GLDF, Amande Pichegru pour la FF du DH, Catherine Lyautey pour la GLFF, Philippe Meiffren pour la GLTSO, Laurence Sidersky pour l’OITAR étaient réunis autour de Christiane Vienne, Grand Maître de la GLMF nouvellement réélue pour évoquer cet important sujet devant un public nombreux et attentif.

Emmanuelle, alto soprano, membre de la GLMF magnifie ce moment en interprétant Jacques Brel et l’Inaccessible Etoile, riche symbole pour des échanges maçonniques ! En clôture c’est le Chœur des Esclaves de Nabucco qui nous a rappelé que nous sommes en Franc-Maçonnerie pour nous émanciper.

Après une présentation de notre hôte au sein de ce Temple au nom évocateur, Pierre Brossolette, dans ces locaux chargés de signes de l’histoire de l’humanisme, les premières interventions évoquent ce sujet très actuel de l’ouverture de nos Loges aux plus jeunes… Comment rendre attrayante la Franc-Maçonnerie pour des jeunes de 18-25 ans ? Mais est-ce aussi souhaitable réellement, à un âge où l’on se construit encore ? Les échanges sont diversifiés et conviennent que cet apport pourrait donner une énergie nouvelle pour des Loges qui, après les deux dernières années, sont assez fragilisées.

Vient ensuite la laïcité.

Doit-on toujours la considérer comme un sujet majeur et primordial, ou doit-on passer à autre chose, sans l’oublier mais sans qu’elle soit sans cesse mise en exergue de nos travaux ?

Les réponses sont cette fois diverses, même si en conclusion tout le monde s’accorde pour considérer que la défense des valeurs de la Maçonnerie adogmatique et libérale reste indispensable au sein des Obédiences représentées. En matière de droits des femmes, seule la laïcité protège de la régression que l’on observe dans certains pays européens et aux USA notamment en matière d’avortement.

Devons-nous évoluer et comment ?

S’il semble essentiel de garder notre tradition, notre méthode de travail visant à émanciper l’être humain, il est clair que nos modes de fonctionnement devraient s’ouvrir vers un public plus jeune, actif dans la vie professionnelle, avec parfois de jeunes enfants, pour lequel les réunions en soirée suivies d’un repas ne facilitent pas la participation. Offrir des Tenues en journée, le week-end, organiser la solidarité dans les déplacements pour nos membres plus âgés, tout cela ouvre de nouvelles perspectives à la Franc-Maçonnerie.

La question de nous ouvrir davantage à des publics différents, sociologiquement notamment est ouverte. Chaque Obédience rassemble des femmes et des hommes de toutes origines et professions. Force est cependant de constater que la diversité sociale est encore trop peu représentée dans nos Loges et que des efforts sont à réaliser.
Nous ne sommes pas un acteur de la société civile comme les autres, nous voulons garder notre spécificité et intervenir dans la société chaque fois que nécessaire sans entrer dans une forme de communication à tout prix et rechercher à recruter le plus possible.

Le mot « recruter » ne convient à personne, notre mission est de transmettre et donc d’entrer en contact avec celle ou celui qui est prêt à recevoir. Nous le trouvons rarement sur facebook.

Toutes les Obédiences s’ouvrent à de nouvelles thématiques, même celles qui se concentrent davantage sur le symbolisme. Ainsi, le changement climatique, la question des réfugiés, la bioéthique, les évolutions sociétales constituent de nouveaux enjeux sur lesquels nous nous penchons.

L’unanimité se fait sur l’intérêt de travailler ensemble, de nous exprimer d’une seule voix chaque fois que possible. Nous « rassemblons de qui est épars » entre nous et au sein de chacune de nos Obédiences.

Les occasions de nous exprimer ensemble sont rares et cette table ronde est particulièrement appréciée par chacun des participants.

Discours du Président Antoine Adler

Sérénissime Grand Maître, Très Illustres Sœurs, Très Illustres Frères et vous tous Vénérables Maîtres,

Il y a 40 ans, des Sœurs et Frères ont créé la GLMF – Fédération Olympe de Gouges. Les membres fondateurs de notre Obédience ont placé la barre très haut en choisissant le nom de cette femme remarquable. Femme de lettres, femme politique, révolutionnaire, pionnière du féminisme, Olympe de Gouges s’est engagée dans la lutte contre l’esclavage, la peine de mort, la tyrannie et les inégalités sociales. Elle eut le courage de s’élever contre les massacres de la Terreur et la nouvelle forme de tyrannie qui s’installait. C’est ce qui lui valut l’échafaud. Bel exemple d’une femme libre, qui n’a jamais voulu renoncer à ses convictions et à ses combats. Nous Francs-Maçons, nous sommes engagés à apporter notre contribution à la construction d’un monde plus juste, plus humain. Cependant, à l’instar d’Olympe de Gouges, nous travaillons en toute liberté, et apportons la pierre de notre libre choix, de notre libre ouvrage et de notre libre examen.
L’histoire d’Olympe de Gouges nous a montré que jamais rien n’est acquis.
Les progrès n’apparaissent jamais par hasard. Ils se manifestent quand les humains font appel à leur rationalité pour réaliser les plus grandes avancées, sur le plan matériel, moral et intellectuel.
Mes Sœurs et Frères, nos valeurs sont porteuses de progrès.
La raison dépourvue des passions est facteur de progrès, mais c’est la fraternité qui nous ouvre le chemin de la liberté.
C’est une fraternité par la preuve qui s’impose à nous pour contribuer à construire un monde plus équitable et plus juste.
Sans excès d’optimisme, dans ce monde de rupture, de perte de sens, la Maçonnerie est un atout de poids.
Il nous faut flécher un monde moins discriminant et faire de nos différences une complémentarité, une richesse en ayant comme perspective de défendre l’égalité : l’égalité Femmes – Hommes ici et partout dans le monde, ainsi que l’égalité des chances.
Il m’apparaît également important de rappeler qu’en qualité de Maçon, il est de notre devoir de faire preuve d’esprit critique en restant nuancé dans nos réflexions et lors des prises de parole. L’avons-nous été pendant ce temps de Convent ? Chacun apportera sa réponse ! 
Notre esprit démocratique se nourrit de débats, d’échanges. Il nous faut rester maître de nous-mêmes et non esclave de nos égos pour réaliser des travaux fructueux et faire avancer nos engagements.
Cela nous ramène à la croisée des chemins, dans nos Loges respectives pour motiver des profanes à partager avec nous ce qui nous rassemble et plus généralement à laisser s’exprimer les diversités d’opinion, seule recette pour libérer la pensée.
Mes Sœurs et Frères, chacune et chacun d’entre vous va se situer dans son espace des valeurs partagées pendant ce Convent.
Chacune et chacun rapportera dans sa Loge sa pierre qu’il aura continué de polir pendant ces 3 jours.
Chacune et chacun relayera l’ambition qui doit nous animer tous ensemble : c’est de rester unis dans un même espace de valeurs.
L’unité se nourrit de la tolérance et prend racine dans la Fraternité.
Mes Sœurs et Frères, le Convent des 40 ans de notre Obédience touche à sa fin. Il était vivant, animé, mais ce qui marquera l’histoire de notre anniversaire, c’est l’ensemble des temps forts organisés par les différentes Loges et surtout l’investissement personnel de notre Sérénissime Grand Maître.
En votre nom à tous, je lui adresse notre reconnaissance et nos remerciements, ainsi que nos encouragements. Ma Très Chère Sœur Christiane, ce n’est pas fini !
Mes remerciements vont également aux Très Illustres Sœurs et Frères Conseillers de l’Ordre, au Collège des Officiers du Convent, qui m’ont beaucoup aidé dans ma charge.
Des remerciements également à tous les Sœurs et Frères qui ont préparé cet événement sans oublier ni le personnel administratif de la fédération, ni les profanes qui nous ont accompagnés. 
Et puis, mes Sœurs et Frères, merci pour votre esprit de bienveillance et de fraternité, que je vais continuer de partager avec les Sœurs et Frères de ma Loge « Bienveillance et Fraternité » à l’Orient de Mulhouse. Bon retour sur vos chantiers respectifs !
J’ai dit.

Antoine Adler
Président du Convent 2022 de la GLMF

CONSEIL DE L’ORDRE

Conseil de l’Ordre 2022/2023

Grand Maître : Christiane VIENNE
Grand Maître Adjoint aux affaires extérieures : Marie FRANCALANCI
Grand Maître Adjoint aux affaires internes : Daniel FEIXES
Grand Orateur : Sophie JACQUEST
Grand Secrétaire : Nicole de FRÉMINVILLE
Grand Trésorier : Marie GAUTHERON
Grand Hospitalier : O.S.
Grand Expert : Françoise DAT
Gardes des Sceaux et du Timbre : Mireille MARTEAU-PETIT
Grand Maître des Cérémonies : Jacques DJEDAÏ
Conseiller de l’Ordre : William BRES
Conseiller de l’Ordre : Claire DONZEL
Conseiller de l’Ordre : Pierre DUCAMP
Conseiller de l’Ordre : Nadège GODARD-DUBERGER
Conseiller de l’Ordre : Suzie FIGUIN
Conseiller de l’Ordre : Gérard KELLER
Conseiller de l’Ordre : Françoise LACOUT-LE NORMAND
Conseiller de l’Ordre : Marie-Luce LEONETTI-TERRIER